Vainqueur de Zagreb (30-24), le MHB a construit sa victoire sur ce qui a toujours été la force et l’ADN du club. Sa défense et le refus de la défaite, dans un sursaut de rébellion au moment où le match aurait pu lui échapper.
Un tifo des Blue Fox, un FDI Stadium chauffé à blanc. C’est sûr, ce rendez-vous contre Zagreb allait faire partie de ces matchs qui ont construit la riche histoire de Montpellier. Car après avoir accroché le nul à l’aller (27-27), les compteurs étaient remis à zéro pour ce match retour. A la clé, un billet pour un rendez-vous entre géants contre Kiel. Mais avant ça, il fallait passer l’obstacle Zagreb. Et très vite, le public va se rendre compte que ce ne sera pas de la tarte.
Mandic a d’ailleurs le chic de mettre tout de suite les pieds dans le plat. Le gardien de Zagreb sort deux arrêts devant Yannis Lenne et Skube. Et comme Srna régale de l’autre côté avec deux buts et une passe décisive, les Croates prennent immédiatement les devants (1-3, 3e). Jamais, au cours de cette première période tendue, le MHB ne va réussir à se montrer en patron.
Il varie pourtant les plaisirs en défense à l’image de cette stricte de Pellas sur Klarica. Un, deux buts de retard. Et des égalisations. Une multitude d’égalisations. Si quelques insensés pensaient que ce match serait simple, ce huitième de finale a bien tous les ingrédients d’un grand rendez-vous. L’intensité est palpable jusque dans les tribunes, chaque spectateur ressent dans sa chair les stops en défense. Ce n’est pas pour rien que l’EHF a fait de cette affiche son match of the week.
Ce scénario terriblement crispant ne va pas s’arranger quand Desbonnet fait son entrée pour suppléer un Bolzinger en-dessous de ses stats habituelles (10%). Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire son entrée sur le parquet. Face à la défense étagée et aux grands gabarits, Patrice Canayer opte pour la vitesse et la finesse en alignant simultanément ses deux génies, Simonet et Skube. Des coups tactiques, comme ce match de haut niveau en a beaucoup réservé.
A la pause (14-14), Montpellier a peut-être fait le plus dur en s’accrochant dans un match compliqué, où il aura alors passé beaucoup de temps à courir après le score. Mais sans jamais s’essouffler, malgré une tension évidente. Car si c’est dur pour le MHB, ça l’est aussi pour des Croates qui doivent se coltiner un Desbonnet solide dans ses cages à 37% d’arrêts à la pause, dernier rempart d’une défense où Konan colmate les brèches si béantes, quelques jours plus tôt, en son absence, contre Chartres en championnat (39-36).
Car oui, c’est bien défensivement et mentalement que Montpellier va gagner son bras de fer. Autour de son roc, c’est à petit feu qu’il fait mariner son adversaire. Le +2 croate du début de la seconde période est un chant du cygne (14-16). Mais un chant du cygne qui fait peur et contraint Patrice Canayer à poser son temps mort après deux minuscules minutes de jeu.
La 0-6 montpelliéraine et surtout l’agressivité mise dans chaque action défensive, bouleversent la donne. Le boss, c’est enfin le MHB. L’énorme combat obscure en défense transpire par grosses gouttes. Et se voit de l’autre côté du terrain. En conclusion du jeu rapide, Karlsson est le bras armé de la révolte héraultaise. C’est d’ailleurs lui qui permet à Montpellier de passer devant pour la première fois du match (18-17, 39e).
Une révolte ? Non, une révolution ! Des ballons récupérés en défense aux jets de sept mètres de Skube, le match a basculé, très clairement. Et cette fois, Zagreb n’a plus la réponse offensivement pour y changer quoi que ce soit. La seconde période est aussi euphorique que la première avait été crispante. Ce Montpellier a du coffre et une volonté de fer (24-19, 46e). Quand Cupic, alors à 4/4, balance son jet de sept mètres un bon mètre au-dessus des cages, la confiance a définitivement changé de camp. D’autant que dans la foulée, Bolzinger de retour dans les buts pour l’occasion, sort le penalty de Glavas (49e).
Dans leurs confrontations récurrentes, Zagreb n’a plus battu le MHB depuis le 12 décembre 1998. Une bonne habitude, toujours en cours. Le rêve européen passe désormais par Kiel pour un rendez-vous à la folie entre deux monuments du handball... Pour la dixième fois, le MHB atteint les quarts de finale de la Ligue des champions. Un chiffre partagé avec une poignée de clubs européens.
Les réactions :
Patrice Canayer (entraîneur de Montpellier) : « Je suis très satisfait par le comportement de l’équipe qui a été chercher la qualification au moment le plus difficile. Sur les deux heures de match, trois mi-temps ont été presque toujours à égalité. C’est finalement au moment où nous sommes le plus en difficulté, en début de seconde mi-temps, que l’équipe a été chercher beaucoup de ressources mentales pour ne pas accepter ça et repartir de l’avant. C’est le moment le plus important de cette double confrontation.
La Ligue des champions, c’est une affaire de physique. Les deux équipes ont beaucoup donné à ce niveau, une affaire tactique et ce match a été riche tactiquement, notamment sur les variations de jeu. Et c’est aussi une affaire de mental et à ce niveau, on a été très bon aujourd’hui. Je félicite l’ensemble du groupe et des joueurs pour avoir montré ces qualités pour aller chercher une qualification en quarts de finale de la Ligue des champions. C’était un plaisir et un bonheur de jouer contre cette équipe de Zagreb. Cela fait très longtemps qu’on a des confrontations avec ce grand club. C’est un vrai plaisir de jouer contre cette équipe qui a livré deux matchs de très grande qualité ».
Rémi Desbonnet (Montpellier) : « On a su aller chercher une grosse performance défensive. Zagreb avait très bien préparé son match et nous a mis en difficultés sur nos attaques placées notamment. On a su répondre à ce combat physique. J’ai l’impression qu’on était un peu tendu au début. La bataille tactique a été rude en première mi-temps des deux côtés. La deuxième mi-temps a été davantage une guerre de tranchée. Ils nous ont très bien défendus. Mais on a su encore monter d’un niveau par rapport à ce qu’ils nous proposaient. Je suis très fier de mon équipe, de la performance de ce soir. Avec une mention spéciale pour le public et les Blue Fox qui ont fait de cette soirée un truc top ! »
Bozidar Jovic (entraîneur de Zagreb) : « Je voulais féliciter Montpellier qui a été meilleur aujourd’hui. Nous avons bien joué pendant 40 minutes. Mais nous avons manqué de force par la suite. Mais cette équipe a montré davantage d’expérience qui s’est vue à ce moment-là. »
Filip Glavas (Zagreb) : « On a bien bataillé jusqu’aux dernières minutes. On a perdu des forces au fil du match et on a fait quelques erreurs tactiques aussi. On a subi le jeu rapide de Montpelier qui mérite amplement sa victoire ».
Les statistiques de Montpellier
Les statistiques de Zagreb
Prochain match
St Raphaël / MHB
Liqui Moly Starligue - J23
Samedi 6 avril à 20h
Palais des sports J-F. Krakowski