Un triplé national historique
A l’aube de la saison 2004/2005, malgré tous les trophées déjà remportés par le club, un record manque encore à son tableau de chasse : le triplé national. En mai 2005, c’est désormais chose faite. Le Montpellier Handball remporte, lors de la même saison, le Championnat de France, la Coupe de France et la Coupe de la Ligue, construisant encore un peu plus sa légende.
Avec 23 victoires, 1 nul et 2 défaites, les coéquipiers de Laurent Puigségur devanceront, en championnat, le Paris Handball, inédit vice-champion de France. Le 21 mai 2005, face à Istres (35-21), le groupe fête son titre avec les glorieux anciens champions de 1995, 10 ans après le premier sacre.
Patrice Canayer commentera plus tard pour le Livre des 40 ans du club : « Ma plus grosse émotion, c'est lorsque nous sommes entrés sur le parquet, déjà envahi par tous ces anciens. J'ai vu alors défiler onze années d'entraînement. Les Tchoumak, Csak, Teyssier, Fred Anquetil, ceux avec lesquels nous nous sommes construits... Une très belle image en vérité. Celle d'une vraie continuité, d'un état d'esprit aussi. »
Une semaine avant, les Montpelliérains avaient triomphé du Chambéry de Philippe Gardent en finale de la Coupe de France, à Saintes, d’une large victoire (31-22). Ils avaient auparavant éliminé Angers en demi-finales (30-26), Villeurbanne en quarts de finale (30-24) et Créteil (29-22) en 8èmes de finale.
Le triplé sera acquis le 5 juin 2005, en finale de la Coupe de la Ligue. Après avoir écarté Selestat (31-24) et Dunkerque (33-25), le MHB bat son dauphin en championnat, le Paris Handball (27-21), dans une finale disputée au Parnasse, où Thierry Omeyer excelle avec 19 arrêts.
Ce triplé national, ainsi qu’une qualification en demi-finale de Ligue des champions (voir ci-dessous), feront de cette saison 2004/2005, l’une des plus abouties dans l’histoire du club.
MHB - Kolding et Flensbourg - MHB : des émotions fortes en Ligue des Champions
6/6 en phase de poules !
La campagne de Ligue des champions 2004/2005 démarre de la plus belle des manières avec un 6/6 en phase de poules. A domicile, à l'extérieur, le rouleau compresseur MHB se met en marche contre Conversano (44-25, 35-21), Zaporijjia (24-21, 31-27) et Zagreb (30-27, 34-29). Seuls Ciudad Real et Veszprem réalisent pareille performance dans leur poule respective cette saison-là.
MHB - Kolding : nouvel exploit renversant à « Bougnol »
En 8èmes de finale, les Montpelliérains sont confrontés aux danois du Kolding IF Håndbold. Le match aller, à l'extérieur, est vécu comme une claque. Le Montpellier Handball rentre du Danemark avec une défaite de 9 buts (29-38) à remonter la semaine suivante.
Mais comme lors de la finale 2003 face à Portland San Antonio, un nouvel exploit se produit devant le public du palais des sports René-Bougnol. Portés par un grand Michaël Guigou (12 buts), les Bleus et Blancs réalisent un improbable revirement de situation, le 12 décembre 2004, s'imposant de 11 buts (36-25), pour se qualifier pour les quarts de finale.
Golic : « Flensburg-MHB, le plus gros ascenseur émotionnel de ma carrière »
Au sortir de ce 8ème de finale, les joueurs de Patrice Canayer ne sont pas au bout de leurs émotions. En quarts, ils sont confrontés à Flensbourg, champion d'Allemagne en titre et finaliste de l'édition précédente de la Ligue des champions. Le match aller à Montpellier sera épique, « l'un des trois meilleurs matchs de l'histoire du club à la maison », selon Andrej Golic. Le MHB est énorme ce soir là et s'impose largement : 36-22.
La suite, au retour, sera d'autant plus épique. Golic raconte :
« C'était la défaite la plus lourde de Flensburg depuis de nombreuses années. En gagnant de + 14, tu te dis : "Qu'est-ce qui peut t'arriver ?". On se disait pendant la préparation de faire attention quand même mais on était trop confiant. On aborde le match retour avec une équipe en face qui se dit "perdu pour perdu" autant y aller. Ils commencent à bien jouer. On a donné de quoi renverser la rencontre dans une salle de 6.000 personnes qui ne demandent que ça. On avait de l'eau qui commençait à rentrer de partout. C'est tout le contraire du match aller : aucun joueur n'est au niveau. Il n'y a pas un joueur pour sauver l'autre. On passe complètement à travers. Patrice a essayé un nombre incalculable de changements. Au final, j'ai fini arrière gauche et Greg (Anquetil) arrière droit. On était tous perdus aussi bien sur le terrain que sur le banc. Ce qu'il s'est passé à la fin, c'est inimaginable. Le but de Greg sur coup-franc protégé en toute fin de match, il est impossible à mettre.
On fait une dernière action où on décale Mika (Guigou) à l'aile qui saute. Il y a penalty mais les arbitres hongrois ne nous le donnent pas, certainement pris dans l'ambiance. Il y a "Péguy" (Laurent Puigsegur) qui a un brin de lucidité pour nous laisser tirer le coup-franc protégé complètement à l'aile gauche. On a déjà Bojinovic qui est en train de se battre avec un autre joueur sur le banc, on a une cinquantaine de supporters qui sont déjà rentrés sur le terrain pour fêter la victoire. Le temps d'évacuer, ils nous laissent tirer. Je prends la balle et je la donne à Niko (Karabatic), le seul qui avait suffisamment de puissance pour tirer de neuf mètres complètement à l'aile gauche. Sauf qu'il y a Greg qui arrive et qui dit : "Moi, je vais la mettre !" Je lui donne la balle.
On a joué quatorze ans ensemble. Greg, tu le vois faire des choses dont tu as envie de l'égorger et d'autres où tu as envie de l'embrasser sur la bouche, parce qu'il tente des choses improbables, dont beaucoup ont échoué. Et c'est parce qu'il a beaucoup loupé dans sa carrière et nous a énervés qu'il a pu réussir dans les moments décisifs. Donc il la prend à une main. Il met la balle sous le maillot pour la mouiller car il savait comment il allait mettre le but. Il voulait que la balle glisse plus rapidement au rebond. À - 14, tu es éliminé, il faut être Greg pour réfléchir à tout ça. Si je lui ai filé la balle, c'est que moi aussi, je dois être jobard pour ne pas l'enlever de Niko et la donner à Greg.
Ce but-là je n'en ai jamais revu et je n'en reverrai pas. C'est l'ascenseur émotionnel. D'un coup, tu passes d'un cirque de 6.000 personnes sautant partout à un cimetière. C'est le plus gros ascenseur émotionnel de ma carrière. Je n'ai jamais fêté autant une victoire. »
Pour L'Equipe, le principal intéressé, Gregory Anquetil, reviendra sur ce moment magique : « “Dédé” dit aux gars de l'équipe de me le laisser. Il me connaît, il sait que je suis un électron libre. La logique voudrait que “Dugi” (Mladen Bojinovic) tente sa chance. Mais, à un moment donné, la logique ne sert plus à rien. Tout est question de feeling. Je tire ce coup franc, excentré aux 9 mètres. Le ballon contourne le mur et passe entre les jambes du gardien de Flensbourg.
Là, je deviens fou... J'enlève mon maillot. Le fait de courir sur le terrain n’a pas permis aux arbitresde faire retirer le coup franc. Ils auraient pu être tentés : la règle à l’époque était floue et elle a été changée après cet épisode. Je ne sais toujours pas si ce but est valable d’ailleurs.
Mais je sais qu’ils nous a qualifiés pour les demi-finales. Le dépit sur le visage des gars de Flensburg m'a vraiment marqué. Quand on est allés leur serrer la main, certains étaient hagards, d’autres pleuraient. Même les spectateurs n’ont pas eu le réflexe de nous siffler.
On me parle encore aujourd’hui de ce but. Il m’arrive de donner des conférences sur la psychologie du sport et je l’utilise pour dire que ce qui est improbable peut néanmoins exister. Je suis étonné, d’ailleurs, que des personnes qui ne sont pas du monde du handball se souviennent de ce match et de son dénouement. On m’a aussi souvent demandé quel but était le plus dur à mettre. Celui-ci ou celui qui nous a conduits au titre de champion du monde à Bercy en 2001. Celui-là était plus dur à mettre. L’autre plus précieux. »
Ciudad Real stoppe le MHB
Malgré la confiance et la cohésion accumulées au cours de cette nouvelle campagne européenne, les joueurs de Patrice Canayer ne se hisseront pas en finale cette saison-là, stoppés par le BM Ciudad Real. Les espagnols s'imposent 30-24 à l'aller.
Lors de la demi-finale retour, le Montpellier Handball inflige à Ciudad Real sa première défaite de la saison (33-31) mais l'écart sera insuffisant pour empêcher les espagnols de se qualifier pour la première fois de leur histoire en finale de la Ligue des champions.
Revivez la fin de match Flensbourg - MHB et le but d'anthologie d'Anquetil en vidéo :
L’effectif champion de France, vainqueur de la Coupe de France et vainqueur de la Coupe de la Ligue 2005 :
Daouda Karaboue, Thierry Omeyer, Aurelien Imhoff - Grégory Anquetil, Mladen Bojinović, Sébastien Bosquet, Frédéric Dole, Andrej Golić, Michaël Guigou, Franck Junillon, David Juříček, Damien Kabengele, Nikola Karabatic, Geoffroy Krantz, Laurent Puigségur, Mickaël Sincère, Sobhi Sioud, Semir Zuzo.
Staff : Canayer, Grasset, Salas, Carmand.
Président : Robert Molines.
Le bilan sportif de la saison 2004/2005:
- Champion de France
- Vainqueur de la Coupe de France
- Vainqueur de la Coupe de la Ligue
- Demi-finaliste de la Ligue des champions